Sophie Hohenberg

Parce que leur mère n’était pas de sang royal, ou médiatisé, ils ne furent pas autorisés à être des Habsbourg. Après la 1ère  guerre mondiale, ils furent chassés de Konopiste et leurs propriétés furent confisquées sans compensation, parce qu’ils étaient les enfants de leur père !

 Ceci est le destin tragique des premiers orphelins de la 1ère  Guerre Mondiale.

1887.

L’Archiduc François-Ferdinand achète la propriété de Konopiste à la famille Lobkowicz.

1889.

L’Archiduc Rodolphe meurt à Mayerling.

L’Archiduc François-Ferdinand devient l’héritier du trône d’Autriche-Hongrie. 

1900.

Après un long conflit avec l’empereur François-Joseph, François-Ferdinand obtient finalement l’autorisation d’épouser l’amour de sa vie, la Comtesse tchèque Sophie Chotek de Chotkowa et Wognin, à la condition expresse que le mariage soit morganatique, son épouse et les enfants à naître, ne sont pas, et ne seront jamais membres de la famille Impériale et Royale.

Le 28 juin 1900 mon arrière-grand-père, l’Archiduc François-Ferdinand signe l’acte de renonciation, par lequel il renonce, non pas pour lui-même, mais pour sa future épouse, la Comtesse Sophie Chotek et pour leur descendance, non seulement au trône de l’empire Austro-hongrois mais aussi aux noms, titres et privilèges des membres de la famille souveraine d’Autriche-Hongrie.

L’Acte de renonciation fût lu au parlement (Reichsrat).

Le parlement hongrois fit voter une loi spéciale afin d’empêcher Sophie de devenir reine de Hongrie.

Sophie et François-Ferdinand se marient le premier juillet, en petit comité à Reichstatt (Zakupy) en Tchéquie.

Mon arrière-grand-mère recevra d'abord le titre de Princesse de Hohenberg, puis de Duchesse de Hohenberg 

1914.

Le 28 juin, l’Archiduc François-Ferdinand et son épouse furent assassiné à Sarajevo. Mon grand-père le Duc Max de Hohenberg âgé de 12 ans, sa sœur la princesse Sophie de Hohenberg âgée de 13 ans et leur frère le Prince Ernst de Hohenberg âgé de 10 ans, perdirent leur parents adorés.

L’acte terroriste de Sarajevo, entrainera l’Europe dans la première guerre mondiale. 

1916.

Le 21 novembre, l’empereur François-Joseph meurt, et l’Archiduc Charles, le neveu de François-Ferdinand devient le nouvel empereur et roi d’Autriche-Hongrie. Cette accession au trône n’est nullement contestée.

Si la déclaration de renonciation au trône n’avait pas eu force de loi, Max Hohenberg aurait été le nouvel Empereur d’Autriche, roi de Hongrie et roi de Bohême…

Le 28 octobre 1916 la succession de l’Archiduc François-Ferdinand est terminée. Mon grand-père Max Hohenberg est le nouveau propriétaire du domaine de Konopiste comprenant 5758 hectares, 2 briqueteries, 1 distillerie, la Brasserie de Benesov et 2 carrières à Mraz et Pozar, avec tout l’équipement à la pointe du progrès de l’époque ; en outre, le château de Konopiste avec tous ses meubles et collections (armes, statues de St. Georges et trophée de chasse) le tout répertorié dans des inventaires précis, conservés en plusieurs exemplaires.

Son frère, Ernst hérite de la propriété de Chlumetz a Trebon (un château et 6688 hectares).

1917.

Le 31 août, l’empereur Charles accorde via de nouvelles lettres patentes des titres à la famille Hohenberg. Le titre de duc se transmet par primogéniture masculine, tous les autres membres de la famille sont princes et princesses avec le prédicat d’Altesse sérénissime.

1918.

Le 28 octobre l’Assemblée Nationale à Prague déclare l’indépendance de la Tchécoslovaquie.

6 jours après, le 3 novembre, la signature de l’armistice entre l’Autriche-Hongrie et l’Italie marque, la fin de la 1ère Guerre Mondiale en Europe centrale.

1919.

Le 16 avril, les 3 orphelins mineurs sont expulsés «manu militari» de Konopiste et doivent ensuite quitter  la Tchécoslovaquie pour trouver refuge à Vienne. On autorise chacun à emporter 5kg d’effets personnels. Le domaine de Konopiste, propriété de Max Hohenberg est confisqué, aucune raison officielle n’est donnée.  Ce n'est que 5 mois plus tard, le 10 septembre, que le traité de Saint Germain est signé par la nouvelle République d’Autriche et les alliés de la 1ère Guerre Mondiale parmi lesquels la Tchécoslovaquie, un état libre et indépendant, comme il est mentionné dans le texte du traité.

L’Article 208 du dit traité stipule : « Les états auxquels un territoire de l’ancienne monarchie austro-hongroise a été transféré ou qui sont nés du démembrement de cette monarchie acquerront tous biens et propriétés appartenant au Gouvernement autrichien, ancien ou actuel, situés sur leurs territoires respectifs. (…) ainsi que toutes les propriétés de la Couronne, et que les biens privés de l’ancienne famille souveraine d’Autriche-Hongrie. »

1920.

Le 16 juillet, le traité de St. Germain entre en vigueur.

1921.

Le 12 aout, après de longs débats au parlement tchécoslovaque, la loi n° 354 est votée. Cette loi est supposée légaliser rétroactivement la confiscation arbitraire des biens des enfants Hohenberg : Konopiste (Max Hohenberg) et Chlumetz a Trebon (Ernst Hohenberg).

 

  • La loi 354 sert à traduire en droit tchèque, l'article 208, du traité St. Germain.
  • Afin de justifier la référence à l’article 208, le § 3 de la loi n° 354 mentionne l’Archiduc François-Ferdinand… en tant que propriétaire des biens et non ses fils.
  • Or il se fait qu’à cette époque, l’Archiduc François-Ferdinand est mort depuis bientôt 8 ans et que son fils Max est propriétaire de Konopiste depuis plus de 6 ans et qu'il n'est pas un membre de l'ancienne famille Souveraine d'Autriche-Hongrie.

1922-1923.

Le Prince Jaroslav von Thun und Hohenstein, tuteur légal et oncle des orphelins mineurs, dépose une plainte contre cette décision en Tchécoslovaquie, arguant que les enfants de l’Archiduc ne sont pas membres de l’ancienne famille souveraine d’Autriche-Hongrie et qu’ils ne sont donc pas visé par l’article 208 du traité de St. Germain. Mais la plainte est rejetée par la cour Constitutionnelle, se basant sur le fait que la loi stipule les descendants de l’Archiduc et que Max et Ernst Hohenberg sont bien les fils de François-Ferdinand.

Le tuteur dépose alors une plainte à la commission des réparations à la Haye, créé par les stipulations du traité. En mars 1923 la commission des réparations déclare ne pas être compétente pour prendre une décision relative à la manière dont l’état Tchécoslovaque a appliqué en l’espèce l’article 208.

Le gouvernement Autrichien déclare que les propriétés et biens des frères Hohenberg ne devraient pas être concernés par les dispositions de l’article 208.

Malgré différents contacts bilatéraux entre l’Autriche et la Tchécoslovaquie, aucune solution à ce problème ne fût jamais trouvée, aucune compensation, rien.

1929.

Le tuteur légal des enfants, décède. Comme chaque fois que les frères Hohenberg veulent se rendre en Tchécoslovaquie, ils sont à nouveau obligés de demander une permission spéciale pour se rendre à son enterrement.

Permission spéciale qu’ils doivent aussi demander à chaque fois qu’ils veulent rendre visite à leur sœur Sophie, qui a épousé le comte Frédéric von Nostitz-Rieneck, et qui vit en Tchécoslovaquie, permission qui n’est pas toujours accordée ou accordée avec beaucoup de retard.  

1938.

Le 14 mars 1938, à peine 24 heures après l’entrée des troupes Allemandes en Autriche, mon grand-père Max Hohenberg et son frère Ernst sont arrêtés par la Gestapo et envoyés au camp de concentration de Dachau.  http://www.kz-gedenkstaette-dachau.de/publications/materials/audioguide/english_audioguide.pdf Les autorités Nazies confisquent leurs biens respectifs en Autriche.

1939.

Le 15 mars, les troupes allemandes envahissent les restes du territoire Tchécoslovaque. Le château de Konopiste sert de musée aux autorités Nazies, une partie des collections d’art est mise en caisses et emmenée par les Nazis afin de les exposer dans le futur « Führer Heeresmuseum » à Linz en Autriche. 

1945.

Des officiels des armées alliées localisent et mettent à l’ abri, près de Salzbourg 42 caisses qui contiennent des œuvres d’art venant de Konopiste et de divers musées de Prague. Mon grand-père, Max Hohenberg, entretemps libéré de Dachau réclame les biens lui appartenant, la requête fut refusée, et en mai 1946, les caisses sont renvoyées en Tchécoslovaquie.

1948.

Le 25 février, le gouvernement communiste Tchécoslovaque entre en fonction.

1962.

Max Hohenberg décède, son fils Franz Hohenberg est son héritier légal. Le domaine de Konopiste mentionné dans le testament de son père demeure hors d’atteinte, au-delà du rideau de fer.

1977.

Mon père Franz Hohenberg meurt, son épouse Elisabeth née Princesse de Luxembourg est son héritière universelle.

2001.

Ma mère, la Princesse Elisabeth de Luxembourg, Duchesse de Hohenberg abandonne ses droits sur le domaine de Konopiste en ma faveur.    

2007.        

J’ai rouvert le dossier, là ou mon grand-père a dû abandonner.

          

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